Belle-Ile ! Belle-Ile ! – rencontre autour de deux films –

Périphérie et le Magic Cinéma, en partenariat avec l’ Amicale des
Bretons de Bobigny,
vous convie à la rencontre autour de ces deux films. Le débat est animé par Tangui Perron, chargé du patrimoine à Périphérie.

Tarif unique: 3,5 Euros Réservations: 01 41 60 12 33 ou reservations.rencontres@magic-cinema.fr

Pour cette fiction de gauche, réussie et anticipatrice, Alain
Jessuan’en réunit pas moins de trois stars : Alain Delon, Annie
Girardot et Belle-Ile-en-mer. Avis pour les amateurs et les amatrices
(ils sont nombreux et nombreuses) : Traitement de choc est le seul
film où AlainDelon, au sommet de sa forme, apparaît entièrement nu.

Belle-Ile est une belle source d’inspiration mais le filon s’est
tari.Alain Souchon n’est pas Alain Souchon mais plutôt un sous Glenn
Morvaniteux et fragile. La jeunesse est assez désagréable.

Belle-Ile ! Belle-Ile !

Si Belle-Ile fut longtemps une terre majoritairement agricole, dure à
vivre, elle est aujourd’hui, globalement, un lieu de villégiature pour
une nouvelle bourgeoisie à la recherche d’un endroit libre et «
authentique », aux paysages splendides. Et le lieu a effectivement été
trouvé – et squatté. Cette occupation en douceur respectant – avec de
fâcheuses exceptions – la préservation du littoral (pas les plateaux ni
les villages) ne s’est pas faite en un jour ni récemment.
Tout un
mouvement artistique (de Monet à Arletty en passant par Sarah
Bernhardt) a précédé cet engouement, sans oublier ceux qui durant les
années 1970 ont tenté de marier, souvent sous les toiles de tentes ou
sur les ponts des voiliers, bohême et utopie. Belle-Ile est depuis
longtemps un chant d’amour et un mot de passe pour initiés.

Et le cinéma dans tout cela ? Très tôt l’île a servi de simple
décor(Les mystères de Kerlioret, 1919, de Félix Léonnec) mais Jean
Epstein, avec Le Tempestaire (réalisé en 1947, que les spectateurs du
MagicCinéma ont déjà eu la chance d’admirer), a réussi à y puiser une
belle inspiration pour pousser plus loin ses recherches plastiques
et sonores. Généralement, « le cinéma des îles » renvoie moins à
laBretagne – si ce n’est sous forme de stéréotypes – qu’à un « cinéma
de l’enfermement ».
Traitement de choc (1972) d’Alain Jessua,
essentiellement tourné sur la Côte sauvage, ne s’en départit pas. L’île
passe de l’Eden à la prison, de l’utopique thalassothérapie à une
antichambre frigorifique et « pré-gore ». Film marqué par les années
70, assumant d’être une fiction de gauche, Traitement de choc, très
«vintage » donc, est aujourd’hui, malgré une fin un peu décevante,
d’une cruelle actualité politique (ou même géopolitique). Quant à
Belle-Ile-en-mer de Benoît Forgeard, que les spectateurs vont avoir
le plaisir de découvrir en avant-première, il s’agit indubitablement
d’un film décalé et drôle, sans doute « post-moderne », qui semble
avoir intégré que les îles bretonnes sont devenues un marquage social
et culturel, si ce n’est une marque commerciale. L’industrie des îles
est en marche, mais nos utopies ne s’évanouiront pas sur le sable.

Tangui Perron